dimanche 12 février 2017

À l'origine était l'image.



Afin de mieux comprendre ma démarche, je me dois de me livrer un peu à vous.

Je suis, jusque dans la plus petite fibre de mon corps, une amoureuse de l'image.
Même si la lecture a une grande place dans ma vie (et je soupçonne que ce soit surtout en raison des images mentales qu'elle génère), les stimuli visuels ont toujours été une grande source de fascination pour moi.

C'est dans cet état d'esprit que j'ai débuté des études d’histoire de l'art. Cependant, quand l'heure fut venue de choisir ma voie, ma matière chérie s'est en fait avérée trop étriquée... trop cloisonnée... trop codifiée...

C'est alors que j'ai eu l'immense privilège de suivre le cours de Mme Bulté.


UnE professeurE pleine de passion et qui a eu a cœur d’ouvrir nos horizons. 

Par son biais, j'ai découvert ceci:



Vulve pèlerine au bâton phallique et au rosaire, 1375-1425, insigne, 33×19mm, Reimerswall, Collection H. J. E. Beuningen, Inv. 2184, image tirée de J. Koldeweij, « The Wearing of Significative Badges, Religious and Secular : The Social Meaning of a Behavioural Pattern », dans W. Blockmans et A. Jane, Showing Status : Representation in the Late Middle Ages, Turnhout, 1999, pp. 307-328.




Vulve couronnée portée par trois phallus, début XVe siècle, insigne, 56 × 45 mm, Bruges, collection H. J. E. Beuningen, Inv. 0967, image tirée de J. Koldeweij, ibid.

Tirées de l'ouvrage: G. Bartholeyns et alii, Image et transgression au Moyen Âge



...Révélation...

La vulve n'était donc pas, au MOYEN AGE (the période obscure, pudibonde et j'en passe dans la tête des gens…) considérée comme obscène ( http://www.cnrtl.fr/definition/obsc%C3%A8ne )… 

On lui suppose même largement un pouvoir apotropaïque (porte bonheur, protecteur…).

Mais… que s'est il passé ???????

Je suis interloquée… Au Japon (cas, je vous l'accorde, un peu singulier) Megumi Igarashi est condamnée en 2014 pour avoir lancé un financement participatif destiné à réaliser un canoë issu du modèle 3D de sa vulve. Parallèlement, le Kanama Matsuri célèbre la fertilité en promenant dans les rues des phallus de 2/3m de haut et en vendant toute sorte de souvenirs et friandises du même acabit… Bigre…

S'en suit une réflexion commune avec des collègues… 


Finalement… le corps de la femme est tout le temps dénudé. 
Nous n'en sommes pas offusqué. 
Vendre un vêtement, un yaourt, un rasoir, un bijoux… elle occupe l'espace public sans aucun souci. Mais pas question de voir son intimité, ou d'y faire attention de plus près, même quand il s'agit de parler de menstruations (du liquide bleu oui, du sang non).
Pourtant, son image est loin d'être inatteignable... depuis le XVIe siècle, les dessins érotiques ont amorcé ce qui aujourd'hui constitue le corpus des images / livres / films érotiques ou pornographiques.

Donc au quotidien… Non.

Mais, comme organe de plaisir (et accessoirement de reproduction) dans la sphère privée (mesure tout de même à clarifier)...Oui.

... OK...

Alors je m'interroge… qu'en est-il du phallus?

Homme en érection et Bison... ce brave Priape qui souhaitait la bienvenue dans les vestibules... l'association (parfois abusive) aux objets de pouvoir à des symboles phalliques (bâton de pouvoir, colonne Trajane…) et ces graffitis…. Ces bites partout. Griffonnées, en 3 coup de crayon, en moins de temps qu'il en faut pour les reconnaître…
Où sont les vulves dans tout cela ?????


Et bien pas si loin...

Voilà mon but. Voir des vulves, comprendre les vulves, montrer des vulves.
La démystifier, la glorifier, vous faire comprendre que son image ne se limite pas à sa sexualisation.
Suivons l'exemple de nos ancêtres, ré apprivoisons nous ce motif.
Nous avons tant à y gagner...

Arrêtons de nous cacher les yeux, de nous voiler la face, de voir dans la vulve quelque chose de caché « parce que la nature l'a voulu » (merci Mémé pour l'argument choc…), oui c'est « un trésor » (...oui, si tu veux, Mémé...), mais non, elle n'est pas destinée à être boudée, méconnue, oubliée sous prétexte qu'elle n'est pas aussi turgescente qu'un phallus.

Ceci est MON avis.

Il n'engage que moi, c'est vrai. 

Mais au regard de tout ce qui est publié ces derniers temps, je me sens de moins en moins seule.




Ce fut une présentation un peu longue, certes, mais au moins, vous savez où vous mettez le doigt (si j'ose le jeu de mot douteux). 


Bien à vous,
Ju.

P.S: non, Junon n'est pas mon vrai nom.
Mais disons qu'elle sera mon alter ego ici.
Et dans un partie de ma vie.

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