vendredi 8 septembre 2017

S'il te plait, dessine-moi une Vulve - 3

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3e épisode de notre palpitante saga!








Mon mémoire d'étape a été rendu, 123 pages dont plus de la moitié d'annexes.


(En vrai si, je suis en miettes et je suis en phase de dépression post-partum, j'ai pondu un truc dont je ne sais pas quoi faire...)


Bien que je ne pense pas que son contenu complet soit publiable en l'état, je souhaitais vivement partager avec vous les résultats de notre "dessine-moi une Vulve".
Je dis notre car pour chaque personne qui a participé, je considère que cette expérience est un peu la votre aussi.

Voici un extrait du dit travail.


[...]



Comme explicité précédemment entre Mars et avril 2017, 42 personnes se sont prêtées au jeu et ont bien voulu répondre à ma demande (A.61). Suite à cela, il a fallu traiter les informations recueillies.
Le 4 mars, en trois heures, sur le site du village associatif monté dans la salle du Gymnase à Lille, après la manifestation organisée par le Collectif du 9 mars pour la journée des droits de la femme, 20 personnes, inconnues, entre 22 et 53 ans ont contribué.
Le 8 mars, sur le site du campus de Lille 3 (bibliothèque Michelet, local Phébus, salle de classe), au cours de la journée, 11 personnes entre 22 et 26 ans se sont laissées convaincre, peu d'inconnus, des camarades de promotion et une amie.
Lors d'une soirée au J'en Suis J'y reste le 1er avril, en 4 heures, 6 personnes entre 22 et 28 ans, connues et inconnues, ont dessiné sur leurs genoux pour apporter leur contribution.
Le 11 avril, dans le cadre de la semaine dédiée à ce même lieu, après avoir fait une communication sur ma recherche devant un parterre de 14 personnes dont 3 inconnues dont une venue de Calais dans ce but, 5 personnes entre 19 et 35 ans ont apporté leurs œuvres à l'édifice.
Avec un taux de participation de 52,4 % pour les 18-29 ans, 45,2 % pour les 30-49 ans et 2,4 % pour les plus de 50 ans, la moyenne d'âge des participants est de 30 ans.
Ce chiffre peut avoir plusieurs explications possibles. La première serait due aux lieux d'enquête. En proposant l'expérience dans mon cercle proche, j'ai entraîné sans le vouloir une possible faille puisque cela a encouragé plus de personne entre 18 et 29 ans à participer.
Cependant, une seconde idée émerge malgré ce résultat altéré. Lors du 4 mars, des personnes de tous âges étaient présents. C'est à cette occasion que j'ai pu recueillir la plus grande variété de témoignage. Les personnes de plus de 50 ans étaient représentées. Plusieurs se sont approchées de mon carnet avec curiosité. Une seule a souhaité participer (elle fut la première à se lancer qui plus est), plusieurs ont décliné poliment. Une autre, dont je parlerais plus longuement dans les paragraphes suivants, aurait accepté de me parler du sujet, mais en aucun cas de dessiner.
Face à cela serait-il possible de parler de fossé générationnel? Quelque chose se serait joué en terme d'acceptation de l'image de la vulve entre les personnes de plus de 50 ans qui ne souhaitent pas trop approcher le sujet et les personnes autour de 30 ans qui trouvent l'idée amusante voire intéressante ? Sur les 42 participants, 18 ont laissé une adresse afin d'être recontactés, 9 chez les 18-29 ans, 8 chez les 30-49 ans et 1 chez les plus de 50 ans. Il semble donc qu'il y ai un intérêt pour le sujet proposé. La question maintenant serait de savoir où ce dernier puise sa ou ses sources.
La seconde matière étudiée fut le dessin en lui même. Pour cela, une grille comportant 18 caractéristiques visuelles a été mise en place. Le choix des domaines ont été choisis selon deux critères principaux : anatomique (afin d'évaluer ce que les gens représentent, poils, grandes lèvres, petites lèvres, clitoris, pubis ….) et personnalisation du dessin (couleurs utilisées, signes ou symboles, lettrage…). Dans un souci d'impartialité, pour éviter d'associer tête et vulve, les images ont été traitées sans l'âge ou l'adresse internet laissé en bas de page. Bien que certains cas mériterons d'être un peu plus développés. Voici donc un premier tableau récapitulant certains résultats qui se sont détachés.
La totalité des participants se sont essayés à l'exercice. Concernant l'anatomie de ces vulves, 100 % ont des grandes lèvres, 97,6 % des petites lèvres, 75,5 % ont un clitoris apparent, chez 64,3 % l'orifice vaginal est représenté, 62 % ont des poils, 40,5 % ont une forme originale (allant d'une forme incertaine, en passant par une forme féline et d'autre essayant de se rapprocher d'un certain réalisme entre autres), 33,3 % ont une forme d'amande bien définie (les autres sont de forme ovoïde ou de goutte). Même les personnes se disant incapables de dessiner ont pourtant signifié pour la plupart au moins les grandes lèvres. La silhouette est là. Ensuite, cette forte population de clitoris apparents me fait m'interroger sur l'impact qu'ont pu avoir les dernières publications (type Causette Hors Série1) ou la médiatisation de l'impression 3D d'un clitoris par un professeur sur ces dessins. Aurait-il été aussi présent si cette expérience avait eue lieu l'année passée à la même date ? Concernant la présence des poils, je m'interroge. Car si 62 % des personnes participantes imaginent bien une vulve poilue, la pilosité pubienne reste une préoccupation esthétique importante et c'est surtout son absence qui semble être véhiculée comme étant la norme à adopter. Bien que l'aspect de la vulve et son orifice penchent en faveur de l'amande (ou la mandorle), l'ovale ou la goutte, c'est avec surprise j'ai constaté que 4 vulves sur 10 avaient une forme totalement originale. Ce qui pourrait signifier que les logos véhiculés par des organisations comme Vagina Guerilla2 n'ont soit pas d'impact sur leur vision personnelle du sujet ; soit qu'ils n'ont pas été vus (ou en tout cas pas suffisamment pour que ce symbole correspondent à l'image qu'ils se font d'une vulve).

Concernant les personnalisations, 54,8 % ont utilisé plusieurs couleurs mais ce qui interpelle, ce sont les 57,1 % qui ont utilisé du rouge, du rose ou les deux pour leur dessin. Face à cela deux questions se sont posées. Est-ce parce que ces deux couleurs se rapprochent le plus de la carnation de la peau caucasienne ? L'utilisation de ces couleurs souvent associées au genre féminin a-t-il été utilisé pour signifier (consciemment ou inconsciemment) l'assignation au genre féminin de la vulve ? 21,4 % ont associé à leurs vulves des signes ou symboles distinctifs, dont des cœurs, des ailes et même des élément anthropomorphes (yeux). De manière générale, une certaine bienveillance se dégage de ces témoignages. Les quelques messages laissés par les 31 % de personnes qui ont souhaité joindre des mots à leur dessin sont tout aussi hétéroclites que les vulves recueillies. Certains ont précisé leur pensée en fléchant les parties dessinées, mais d'autres sont allés un peu plus loin.
Voici la retranscription de ce qu'ils ont transmis :
  • « Elle est à moi »
  • « la vulve reprend le pouvoir »
  • « l'extraordinaire nouveauté »
  • « sexy ; revendication ; plaisir ; indépendance ; éjaculation féminine ; force »
  • « la vulve d'Isa à l'aube »
  • « c'est vraiment difficile de visualiser une tête de vulve »
  • « plus compliqué à dessiner qu'un phallus »
  • « je ne sais pas »
  • « ça ne ressemble plus à rien ; la plus belle c'est celle qui est fermée »
  • « Il y a des choses que l'on vit dans la vie, des choses à ne pas manquer ! Mais quand on vit autre chose cela devient donc toute une autre illusion. Suffit d'y voir plus clair, avant que tout nous retombe sur la tête -Milo- »
  • « VVLVA PULCHERRIMA EST , SED NON MONSTRUOSSISIMA »
Il est fascinant de constater à quel point ces quelques inscriptions balayent un grand nombre de ressenti et de réactions. Et finalement, elles concentrent l'essentiel des idées qui gravitent autour de la vulve : la question de la réappropriation, de la revendication, de la sexualité, la popularité du sujet ces dernières années, la difficulté à représenter, le fait de ne pas savoir (parce que souvent on ne regarde pas), la notion de beauté, les sentiments compliqués qu'elle peut engendrer et l'idée de monstruosité.
Pour conclure cette première analyse de ce corpus, dire que sa récolte autant que son exploitation fut riche en surprises serait un euphémisme. Pour un premier pas sur le terrain, la limitation à une seule variable (l'âge) manquait peut-être d'ambition. Cependant, par l'observation, j'ai pu constater que face à cet exercice, un panel varié de personnes s'est impliqué : se genrant au féminin, au masculin, aussi bien hétérosexuelles, qu'homosexuelles ou bisexuelles3, racisées, militantes ou pas du tout, venant de tous les milieux sociaux.
Et s’il m'était arrivé d'avoir des a priori sur la vision qu'un homme cisgenre4 hétérosexuel avait sur la vulve, pour balayer cela il me suffit de regarder la participation n°19 pour les voir s'envoler.
1« Voyage en Clitorie », Causette Hors-Série, Paris, Éditions Gynéthic, Hiver 2016-2017.
2http://vaginaguerilla.tictail.com/ (consulté le 28 août 2017).
3Cette constatation n'est pas fait sur une spéculation quelconque vis à vis des gens que j'ai été amenée à croisé mais concerne les personnes qui m'ont fait part de cette information.

4Personne se reconnaissant dans le sexe et le genre assigné à sa naissance.



[...]



En résumé...
c'était fabuleux de pouvoir exploiter ces dessins.
Ils m'ont montré à quel point l'image que l'on se fait de la vulve est différente d'un individu à l'autre et même si beaucoup reprennent une base schématique d'amande (ou mandorle....) plus encore réinventent à vulve!

Les visions et participations ont été bienveillantes, c'est une chance. Cependant, j'espère dans la suite de mon travail être confrontée à des personnes ayant une vision différente, peut être hostile... car chaque avis compte.



Et voilà les vulves...


















































Merci à chaque personne pour sa participation 💓



Bon, y'a plus qu'à attendre les résultats...

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